VNV NATION
Futureperfect
2002
Irlande/Royaume-Uni
Futurepop
01. Foreword
02. Epicentre
03. Electronaut
04. Liebestod
05. Holding On
06. Carbon
07. Genesis
08. Structure
09. Fearless
10. 4am
11. Beloved
12. Airships
VNV veut dire victory not vengeance. La devise du groupe : « One should strive to achieve, not sit in bitter regret ». Traduction : « On devrait s’efforcer d’agir au lieu de se complaire en regrets amers ». Gourous, coachs de vie, maîtres en développement personnel les VNV Nation ? Le groupe irlando-britannique est composé de Ronan Harris (électronique, chant, paroles) et Mark Jackson (percussions). Il est basé actuellement à Hambourg. Après une intro douce et mélancolique (spoken word en anglais, allemand, français : « C’est ton monde, ce sont tes gens… »), les deux hommes montrent les muscles sur « Epicentre ». Titre rugueux, explorant la frange la plus EBM (electronic body music) de leur futurepop. Ronan Harris en impose par son charisme. D’ailleurs, Futureperfect est le réceptacle des influences de VNV Nation : gros son industriel, délicatesse mélodique synthpop, emphase symphonique… Ainsi, tout au long de leur quatrième album studio, le groupe alterne avec finesse passages violents et calmes. La rythmique peut être implacable, évoquant un dancefloor crasseux et surchauffé d’un club underground berlinois. Cela est perceptible précisément sur « Electronaut », « Structure » et « Fearless ». On reste souvent dans une certaine orthodoxie EBM (avec des ajouts trance de bon aloi, comme sur « Electronaut »). Néanmoins, VNV Nation s’éloigne de ce style initié par les Belges de Front 242, et est à ce titre vilipendé par les puristes. En effet, le combo développe une forme de romantisme synthétique, virant par moments dans le larmoyant. Harris n’hésite pas à utiliser à profusion des nappes ou des « cordes ». « Liebestod » notamment est un instrumental où prédominent pendant tout le morceau des sons de violon faisant penser à la BO du Mépris ! La sensibilité à fleur de peau des compères s’exprime sur les merveilleuses ballades que sont « Holding On » et « Beloved ». « Holding On » débute par un piano tragique, avant de monter en crescendo. Emotion communicative quand Harris déclare alors : « Does anybody feel the way I do? ». On notera la présence de quelques choeurs angéliques renforçant la tristesse générale. « Beloved » est la pièce maîtresse de Futureperfect. Nappes au début, incursions trance, beat puissant inclus au chœur de la chanson. Chef-d’œuvre. Et cette voix… Si puissante, si dramatique : « Moments lost though time remains/I am so proud of what we were/No pain remains, no feeling/Eternity awaits ». Album riche, on passera sur l’instrumental « Structure », gorgé de stridences industrielles, de bruitisme, il sonne creux. VNV Nation se permet d’insérer des voix déformées (« Genesis »), un rythme alangui (« Carbon ») ou des éléments lumineux et apaisés (« Airships » qui clôture le disque avec des touches presque New Age). Le duo montre une bonne maîtrise des atmosphères. Fièvre urbaine, monde futuriste, mais aussi épanchement, lyrisme affirmé. Tombant parfois dans une grandiloquence excessive, le groupe se démarque par le chant profond de Ronan Harris, sentencieux et chaleureux. De plus, l’outillage électronique rend pleinement justice aux imprécations du chanteur. Comme le précise leur site Internet : « composed by humans, built with machines ». Un petit cœur battant dans une armature d’acier.