BURZUM
Det Som Engang Var
1993
Norvège
Black metal
01. Den Onde Kysten
02. Key To The Gate
03. En Ring Til Aa Herske
04. Lost Wisdom
05. Han Som Reiste
06. Naar Himmelen Klarner
07. Snu Mikrokosmos Tegn
08. Svarte Troner
Quel album ! Burzum, ce one man band créé par le génial (mais très extrémiste) Varg Vikernes, signe ici son chef-d’oeuvre. Celui qui se faisait appeler à l’époque Count Grishnackh, en référence à un Orque du Seigneur des anneaux, nous propose un black metal extrêmement sombre, mais plein de feeling. La voix si particulière qui peut rebuter facilement est selon moi magnifique. C’est un chant qui fait penser à un loup hurlant à la mort après avoir été blessé. Cette voix peut glacer le sang mais aussi vous toucher face à ce qui ressemble à l’agonie d’une bête sauvage. De plus, la musique sert prodigieusement ce chant. Contrairement au black metal classique du début des années 1990, Burzum ne mise pas sur la férocité et une musique trop rageuse et inaudible. Au contraire, une grande place est laissée à la mélodie, très mélancolique et hypnotisante. Le jeu de batterie est simple (il faut dire que Varg ne s’est mis à la batterie qu’en 1991), pas de blast beats, mais cela renforce le côté oppressant, désespéré, triste mais très évocateur de cet album majestueux dans sa noirceur presque douce. Det Som Engang Var se différencie aussi du black metal de cette époque en utilisant le synthétiseur pour créer des morceaux ambient. Les 3 morceaux de ce style sont fabuleux. « Den Onde Kysten » sert d’introduction. Il s’agit d’un morceau très mystérieux qui nous donne le ton de l’album : sépulcral, sombre et presque romantique dans l’exploration du désespoir symbolisé par la phrase « Vi staar i en svarte sirkel » (« Nous sommes enfermés dans un cercle noir ») que prononce Varg d’une voix inquiète à la fin de « En Ring Til Aa Herske ». « Han Som Reiste », la piste 5 de l’album utilise un son de synthétiseur assez cheap et la composition est ultra minimaliste, mais l’atmosphère créée est prodigieuse et nous plonge directement dans l’introspection et l’imagination d’un monde nordique ancien gouverné par Odin. Quant au dernier morceau ambient, il s’agit de « Svarte Troner » qui clôture l’album. C’est sans doute le morceau le plus étrange, utilisant des sons légèrement indus, des nappes de clavier, des échos de voix et des bruits bizarres dont on ne connaît pas la provenance. A chaque fois que j’écoute ce morceau, j’ai l’impression d’être au milieu d’un vieux hangar désaffecté, en pleine nuit ! Cet opus noir n’est certes pas facile d’approche mais si vous prenez la peine de l’écouter attentivement, vous vous rendrez compte qu’il est magistral.