INTERPOL
Antics
2004
Etats-Unis
Post-punk revival
01. Next Exit
02. Evil
03. Narc
04. Take You On A Cruise
05. Slow Hands
06. Not Even Jail
07. Public Pervert
08. C’mere
09. Length Of Love
10. A Time To Be So Small
Le début des années 2000 aura été propice au renouveau du rock. Un rock brut, garage, mais aussi plein de romantisme ; un rock racé, mais bien souvent énergique. Les scènes londonienne et new-yorkaise furent fécondes en nouveaux talents. Outre-Atlantique, The Strokes montrent la voie. A leur suite, les groupes se succèdent, en se concentrant vers le raffinement britannique de l’ère post-punk. Interpol fait partie de ces jeunes loups. Rockers en complet 3 pièces, leur univers est urbain, branché, arty. La patte new-yorkaise s’étale sur eux, mais leurs références vont au-delà. On se rapproche de Joy Division. Introspection, atmosphères froides, complaintes mélodiques, des parallèles s’imposent. Antics sort en 2004. Deuxième album, plus abouti à mon sens que le premier. Les reproches envers la formation commencent à partir de la sortie de l’opus. Vigueur commerciale immanquablement clouée au pilori. Les capacités du groupe sont pourtant remarquables. On pointe la superficialité, mais leurs qualités de composition sont impressionnantes. Les deux premiers titres notamment sont de vrais bijoux. « Next Exit » me fascine. Basée sur une plage d’orgue, elle me semble plus appropriée pour clôturer l’ouvrage. Fin de partie, au revoir de compagnons. L’aspect funèbre de la musique des quatre garçons ressort magnifiquement ici. Plus de 3 minutes de mélancolie, et ce n’est que le début ! On enchaîne par « Evil », morceau qui s’impose. Entêtant avec son « Rosemary… » d’entrée, il confirme que le combo lorgne vers le début des années 1980 (basse très présente, on réinjecte l’esprit post-punk). Malgré tout, pas de vulgaire copier-coller, Interpol possède son son propre. A signaler que Paul Banks est un chanteur hors pair. Renversant de par l’étendue de sa voix grave nasillarde. L’émotion qu’il transmet est à son comble sur « Take You On A Cruise », « Not Even Jail », « Public Pervert » ou « A Time To Be So Small », fort mélancoliques. Frontman timide et blond, il peut faire pâlir un bon nombre de suiveurs plus ou moins dévots d’Ian Curtis. La force du groupe tient de son côté sombre, mélangé à une formule indie rock du meilleur teint. « Slow Hands » et « Evil » sont les morceaux phares de cet alliage, et démontrent que les gars savent aussi être vifs. Résolument moderne, Interpol draine un public large, mais généralement tourmenté. Ray-Bans en folie, descente sur Central Park, lecture de Céline. Beaucoup de sentiments, le lyrisme domine, et la bande à Banks et Daniel Kessler (guitariste) nous délivre une galette vivifiante. Rien à dire, la classe !