Réalisé par Sam Taylor-Wood
Film britannique de 2009
Durée : 98 minutes
Avec Aaron Johnson, Kristin Scott Thomas, Anne-Marie Duff
Beatles ou Rolling Stones ? C’est un peu comme avoir à choisir entre Giresse et Tigana, la chlamydia ou la gonorrhée, le céleri rémoulade ou les oeufs mimosa. Malgré tout, puisqu’il faut choisir, mon corps balance plutôt du côté des Pierres Qui Roulent. Parce que les Fab Four n’ont pas Keith Richards ! Parce qu’un groupe qui tourne depuis cinquante ans avec un chanteur gesticulant comme une pucelle en chaleur et un batteur qui s’emmerde cela tient du génie !
McCartney ou Lennon ? Là c’est facile, John évidemment. Un mec qui quitte le groupe le plus célèbre de tous les temps pour se mettre à la colle avec une sorcière japonaise et stridente c’est forcément quelqu’un de spécial. Paulie avec son mannequin unijambiste ne lui arrive pas à la cheville.
Tout cela pour arriver à Roanne, un dimanche soir… en hiver.Le septième cercle de l’ennui. Pour vous situer Roanne, c’est entre Saint-Etienne et Montbrison, cela veut tout dire ! Heureusement, pour ces soirs de morne affliction, Dieu dans sa grande miséricorde a inventé le cinema. Le Renoir, ce soir là justement, passe Nowhere Boy, un film sur un type qui n’est pas un Rolling Stone mais qui s’appelle quand même John Lennon.
J’entends déja les hauts cris, les hululements ! Comment ? Un enième biopic ! Justement, la réalisatrice Sam Taylor-Wood, croyant éviter le piège d’une trop classique rétrospéctive, ne parle que de l’adolescence du scarabée à lunettes, le récit s’arrêtant avant la première tournée à Hambourg des petits gars de Liverpool, la genèse du mythe en quelque sorte. Le scénario s’attache plus particulièrement aux rapports conflictuels qu’entretiennent le jeune John, sa mère Julia et sa tante Mimi. Le film oscille entre la peinture quotidienne d’une adolescence fifties et le drame psychologique mais sans jamais réussir ni dans l’un ni dans l’autre. Les images de révolte et d’errements du jeune John sont beaucoup trop lisses et convenues, quelques fuck mis à part on se croirait dans le feuilleton Holidays, et ce même si on peut apprécier une courte scéne de doigtage champêtre (il est grand temps de réhabiliter cette activité manuelle injustement méprisée par les bien trop nombreux caciques de la pénétration !). Bien entendu, on ne nous épargne pas la figure du génie traumatisé à vie par un drame familial secret, brossé à grands coups de scénes lacrymales, de flasbacks téléphonés et de psychologie infantile pour décérébré. Aaron Johnson, à défaut d’interpréter un personnage consistant, nous livre une réelle présence physique, attifé en Teddy Boy. Face à lui, l’incarnation vivante au cinéma de l’anglaise frigide et compassée : Kristin Scott Thomas. Côté biographique, rien que les fans ne connaissent déjà et un Liverpool de carte postale. Ce film est définitivement un énième biopic sans consistance, ce n’est ni vraiment du cinéma ni vraiment d’un quelconque intérêt documentaire, on est très loin d’une réussite comme Control mais baucoup plus près de Ray ou Walk the Line.
Donc, n’allez pas voir Nowhere Boy, réécoutez plutôt Please Please Me , ou alors allez-y seulement si vous êtes coincés à Roanne un dimanche soir, comme seule alternative à la pendaison. Control pour le coup n’est pas du tout conseillé pour le département de la Loire.
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