Pour la première édition de ce festival stoner, le Clacson s’est vu envahi d’une horde de barbus deux soirs durant, avec une prog à faire tressaillir les poils sous les chemises à carreaux : neuf groupes triés sur le volet pour les débutants comme pour les confirmés.
DAY #1
Ouverture du festival par le groupe Kaylz, power trio instrumental français à la sauce Karma To Burn. Bon gros son de basse et de guitare, jeu de batterie technique, cassures rythmiques complexes : le groupe donne un set convaincant, mais un peu trop froid à mon goût… même pas un micro voix sur scène pour dit bonsoir et se présenter, ce n’est pas grand-chose, mais le public, même s’il semble conquis, reste assez distant. C’est dommage, car musicalement, le groupe assure.
Puis, entrent en piste les frenchies de Loading Data, et dès les premières mesures, le public vient en masse remuer ses miches devant la scène ! Dignes petits frères de Kyuss et de Devo, le groupe s’articule autour d’un guitariste/chanteur charismatique à grosses rouflaquettes et doté d’une voix grave à la Glenn Danzig. Toujours du gros son stoner, forcément, avec un côté à la fois très groovy et syncopé. Les différentes formations de Loading Data ont déjà fait leurs preuves sur les routes américaines et européennes, et on sent effectivement qu’ils ont de la bouteille : le show se révèle calé et très efficace.
Puis, vient le moment de mon coup de cœur de la soirée, avec les teutons de My Sleeping Karma. Lorsque le guitariste monte sur scène, je suis d’abord persuadée qu’il s’agit du batteur : une montagne barbue avec des muscles à la bière tout tatoués, sorte de croisement entre Kingy de Rose Tattoo, Kerry King de Slayer et Marshall Gill de New Model Army. A mon grand étonnement, il se saisit d’une guitare qui semble minuscule dans ses énormes paluches et je m’attends alors à du bourrinage, mais voilà qu’il se lance avec un son très clair dans des motifs orientaux tourbillonnants. L’audience est alors totalement envoutée par les nappes de synthé, une basse sombre et tournoyante, un jeu de batterie pointu et ces sonorités de guitare évoquant parfois un sitar. Les instrumentaux atmosphériques et totalement planants montent peu à peu en puissance pour exploser dans un rugissement sonore rentre-dedans, les morceaux se décomposant ainsi en atmosphères rythmiques et mélodiques variées et ensorcelantes. Le set est excellent et le groupe très chaleureux (et, contrairement à leurs confrères de première partie, le quatuor a eu la présence d’esprit de se munir d’un micro voix afin de permettre quelques interventions sympas avec le public).
Je ne pourrai malheureusement pas parler de la formation britannique Cosmic Dead car, transports en communs obligent, j’ai dû m’éclipser avant le début de leur show…
DAY #2
Ce sont les jeunes vainqueurs du tremplin Stone Rising Festival 2013 qui attaquent cette deuxième soirée de concerts de manière plus que convaincante. Le power trio français Space Fisters, doté d’une section rythmique très solide et d’un bon guitariste, est bien parti pour aller loin dans l’aventure de la scène stoner.
La formation suivante, Slut Machine, est toujours composée de jeunes talents français, dont trois guitaristes (rien que ça !), un bassiste et un batteur. Les premiers morceaux, assez speed et bourrins, ne m’ont d’abord pas vraiment accroché, puis une compo à l’atmosphère plus pesante m’a alors permis de me faire une opinion plus positive du groupe. Alors quand les musiciens ont enchaîné sur une superbe version stoner duSchool’s Out d’Alice Cooper, j’étais aux anges ! Ils ont finalement terminé en beauté après une belle progression dans leur set pour laisser place à Mars Red Sky.
Et là, le power trio français m’a carrément tapé dans l’œil ! Très doués pour poser des atmosphères à la fois pesantes et ultra-planantes, les Mars Red Sky ont littéralement hypnotisé l’audience avec des compositions captivantes. Savant mélange entre un rock 70’s à la fois heavy et psyché (largement inspiré de Led Zep et de Black Sabbath) et des influences stoner plus récentes comme Dead Meadow ou Witch, le groupe livre des morceaux singuliers à grand renfort de réverb’ et de fuzz sur la guitare, de rythmiques plombées et d’une voix éthérée très surprenante.
Changement radical d’ambiance avec, ensuite, l’entrée en scène très attendue des trois allemands de Kadavar. Ces Black Sabbath des temps modernes tout en barbes et en cheveux subjuguent immédiatement les spectateurs avec des compositions beaucoup plus péchues qui donnent irrésistiblement envie à tout un chacun de remuer sa longue chevelure (ou, à défaut, sa tête !) Avec des riffs puissants et efficaces dans le style rock 70’s et un psychédélisme rentre-dedans à la Hawkwind, les musiciens délivrent sur scène une énergie impressionnante qui se transmet immédiatement à un public transcendé et dégoulinant de sueur !
Enfin, après quelques soucis techniques qui ont retardé et écourté son set, le groupe Abrahma entre en piste pour clôturer le festival. Décidément sous le signe des 70’s, la soirée se termine en beauté grâce à la rythmique grondante et aux riffs robustes des quatre français. Trop peu de morceaux, malheureusement, je reste sur ma faim et je ne pense pas être la seule. Malgré une fatigue naissante due à ces deux intenses soirées, j’aurais aimé que le groupe occupe la scène plus longuement afin d’en profiter davantage.
Pour conclure, très bonne initiative et beau succès que ce Stone Rising Festival : excellents groupes (que des bonnes découvertes, pour ma part), ambiance de dingue tant sur scène que dans la foule, record de litres de bière écoulés pour le Clacson (660 litres en l’espace de deux soirées !) Que dire de plus, à part… vivement la seconde édition l’an prochain !