Indigo Is the Warmest Color! Interview de Wendy Martinez (Bye Bye Dubaï)

jack-jack-spirale-copieBye Bye Dubaï est le projet electro-pop solo de la musicienne Wendy Martinez, basée à Lyon. Elle a sorti son premier album, Real Life, en autoproduction en décembre 2015. Deux clips sont disponibles sur YouTube : « Real Life » et « Throw It All! ». Il s’agit d’un disque aux émotions variées, à la fois léger et profond, dont nous avons souligné les grandes qualités. À travers sa musique, cette artiste née en 1984 parle notamment de cette génération « indigo », hyperactive et hypersensible, à laquelle elle est fière d’appartenir. Elle évoque avec nous sa déjà longue carrière, ainsi que la genèse de ce groupe unipersonnel, ses influences et ses ambitions futures. C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous l’avons rencontrée pour un entretien d’une heure très instructif.

Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?

Je m’appelle Wendy Martinez. Je suis auteur-compositeur-interprète, réalisatrice de clips, et je fais aussi du design sonore, du chant et du théâtre pour la compagnie Essentiel Ephémère.

Quand est né le projet Bye Bye Dubaï ? Et pourquoi ce nom ?

Le premier concert de Bye Bye Dubaï date de septembre 2010. Ce projet est né d’un besoin personnel d’être également instrumentiste, parce que depuis mes seize ans j’étais principalement chanteuse et parolière dans des groupes divers et variés (metal, rock, trip-hop, chanson française surréaliste, chansons du monde, jazz, etc.). En 2008-2009, j’ai commencé à vouloir faire du piano, alors que je n’avais jamais pratiqué cet instrument. Par le défouloir, j’ai composé pas mal de petites chansons hyper simples, basées à l’origine sur des principes un peu sériels. Il faut dire que j’aime beaucoup Philip Glass, Moondog, les choses très répétitives, donc j’ai mis en place des choses extrêmement faciles à exécuter sur lesquelles je pouvais déclamer et poser du texte. J’ai commencé piano-voix, avec une petite pédale loop, puis j’ai été rejointe par six musiciens, c’est presque devenu un groupe de prog ! Ensuite je suis revenue au solo, puis repartie en trio, avec violoncelle et basse. Aujourd’hui je reviens à l’origine, et mon petit autisme, le solo. Je joue, chante, fais mon son et me sample en direct, voire projette des images derrière moi…

Le nom du groupe vient du fait qu’en 2009 j’étais très surmenée, j’avais cinq boulots en même temps et deux groupes, j’allais mourir ! Ce projet est vraiment venu dire « stop à l’esclavagisme ! ». Je suis partie au Mexique voir un ami que j’adore, j’ai acheté là-bas un petit piano d’enfant, et j’ai commencé à composer. Je suis rentrée en France, j’étais intermittente, tout a changé du jour au lendemain quasiment. Pour moi, Dubaï symbolise actuellement l’apogée de l’esclavagisme, du matérialisme, du consumérisme, ce qui me fait extrêmement peur. Dire « bye bye Dubaï » signifie que j’aimerais bien rêver à autre chose, à un autre monde, que ce soit pour moi ou pour l’ensemble de l’humanité.

Quelle est ta formation artistique ?

_dsc6051-copieJ’ai grandi dans une famille où l’art était bien valorisé. Mon père était instit et pas mal musicien, ma mère était femme au foyer et peignait beaucoup. Mon premier art, je dirais que c’est le dessin et la peinture. J’ai fait le visuel de l’album parce que j’aime toujours dessiner, faire mes graphismes, mes visuels. J’ai aussi écrit plein de petites nouvelles, des mini bouts de pièces de théâtre, de poèmes etc. J’ai aimé tous les trucs d’autodidacte qu’on peut faire tout seul dans sa chambre. J’ai rencontré la musique et le théâtre je pense à peu près au même moment, c’était vers l’âge de quinze-seize ans. À l’époque, je faisais toujours des imitations de chanteurs pour faire marrer des potes, et puis à un moment j’ai réalisé que je pouvais peut-être vraiment chanter. Une copine guitariste m’a dit qu’elle cherchait quelqu’un. On voulait faire une sorte de groupe de metal, donc c’est là que j’ai commencé ma carrière de musicienne, entre guillemets, et ça ne s’est jamais arrêté. On a très vite fait des scènes, je devais avoir seize-dix-sept ans pour notre premier concert. J’ajoute que j’ai fait de la danse, de sept à treize-quatorze ans, du modern jazz, et j’ai dû arrêter à cause de problèmes de genou. Plus tard, je suis allée vers la danse japonaise Bûto, qui a été créée dans les années soixante. Ça m’a plu parce que j’ai réalisé que je pouvais la pratiquer malgré mes genoux défaillants, puisqu’elle va travailler sur des équilibres, sur la chute, sur l’erreur, tout en étant extrêmement technique. Je cite cette danse dans le clip « Throw It All! ».

Quelles sont tes influences musicales ?

Une de mes influences majeures est Laurie Anderson, que j’ai découverte il y a environ une dizaine d’années. Je suis une grande fan de Patti Smith, parce que c’est familial aussi. Le rock était très présent dans notre foyer (David Bowie, Led Zep, Magma, etc.). En même temps, j’ai pas envie d’enfermer mes influences à des choses qui me ressembleraient, parce que j’ai écouté du Richard Gotainer quand j’étais gamine et qu’un jour j’aimerais bien en faire péter à nouveau (rires). Sinon, pour chercher une nouvelle chanson, je vais écouter énormément de Moondog ou de Philip Glass. Récemment, il y a quelque chose que j’écoute en boucle, qui est très pop, mais que j’adore, c’est The Dø, je suis fan notamment de leur album Shake Shook Shaken. Pour certaines chansons, j’ai pensé aux Talking Heads, je sais que ça ne s’entend pas forcément ! (rires) Il y a Kraftwerk aussi. Quand je fais mes incartades en français, je vais avoir dans la tête Brigitte Fontaine, Catherine Ribeiro ou Léo Ferré, sans faire le même style.

Je me nourris beaucoup d’artistes féminines, parce que je pense qu’il y a encore des choses à faire bouger, et je me nourris de l’énergie des femmes fortes. J’apprécie notamment énormément le groupe américain Tune-Yards, dont les compositions sont faites par Merrill Garbus, une nana assez dingue, qui sample des percussions en direct. Elle est incroyable, hyper ancrée, et elle a une voix à la Nina Simone ! C’est ma dernière grande émotion artistique. J’aime beaucoup aussi actuellement des nanas comme St. Vincent, qui est suivie pas mal par David Byrne justement. Il y aussi My Brightest Diamond.

engrenage-4-copiePourquoi avoir choisi l’autoproduction ? As-tu contacté des labels ?

J’en ai contacté, mais je trouve ça difficile, quand on est tout seul sur un projet, d’être au four et au moulin. J’ai eu quelques échos, notamment de AB Records, qui n’a pas les moyens de sortir un disque, ou de La Souterraine pour les chansons en français, mais ils ne voulaient quasiment que celles-ci. En fait, j’avais vraiment envie que ça se passe vite aussi donc peut-être que je n’ai pas assez pris le temps. Je pense que je n’ai pas assez contacté les labels français, j’ai envoyé ma maquette à des labels anglo-saxons que j’adore comme 4AD, mais je ne pense pas que ça se passe forcément comme ça avec eux. Tout s’est passé extrêmement vite. J’ai enregistré en avril, ça a été mixé dans l’hiver et l’album est sorti en décembre, donc c’est vraiment très rapide en fait je trouve pour un album. Si c’était à refaire, je prendrais beaucoup plus le temps effectivement de chercher qui peut soutenir cet album-là, etc., mais j’avais aussi envie que ce disque soit mon cadeau de trente ans ! (rires) Le prochain sera sans doute fait différemment, avec plus de souplesse.

Avec qui as-tu collaboré sur l’album ? Comment l’as-tu composé ? Combien de temps cela t’a pris pour le finaliser ?

J’ai été aidée pour cet album par Alexis Morel Journel, qui a organisé l’enregistrement dans la maison de sa grand-tante au Puy-en-Velay, qu’on a occupée pendant une semaine. Il joue de la basse et des percussions, et m’a assistée à la prod. Pour la prise de son c’est Simon Dijoud, qui s’est servi de sa vieille console polonaise, de son ARP Odyssey, et de sa boîte à rythmes Alesis. Au mix, c’est Mathieu Duval, au mastering Arnaud Boyer, et à la finalisation du mastering, Jean-Luc Briançon. Merci à eux ! Pour tout composer, ça a quand même pris peut-être deux, voire trois ans pour certaines chansons. Elles sont arrivées au fur et à mesure, il y en a que j’avais depuis très très longtemps, d’autres qui sont arrivées plus récemment. « Flowers » notamment est l’une des premières, elle a six ans. En revanche, celles qui étaient rock progressif, trip-hop, ne sont pas du tout présentes, parce qu’elles avaient des formats beaucoup plus longs et alambiqués. J’avais envie de faire un truc condensé et presque pop, parce que j’ai tendance à composer de façon compliquée. Real Life est un peu une synthèse, ou une photographie de toutes mes chansons depuis cinq ans.

menadre-7-copiePour le mode de composition, ça dépend, je sais que je me trimballe toujours avec mon petit dictaphone. C’est marrant, c’est souvent dans les moments speed que je vais avoir une mélodie qui va venir me hanter. Je rentre chez moi dès que je peux, je sors cette mélodie, soit c’est la ligne du chant, soit c’est la ligne du piano, je bosse en conséquence et après j’essaye de trouver la tonalité d’ambiance. En général, ces chansons-là arrivent à un moment où j’ai besoin d’exprimer quelque chose. « Throw It All! », qui a fait l’objet d’un clip, est arrivée après la visite de mon pote mexicain. Il me montre sa MPC (un super séquenceur et sampleur) et la détruit en la branchant à cause de la différence de voltage, un véritable choc pour lui… Cette chanson-là est venue pour lui dire : on peut tout jeter, notre cerveau continue de fonctionner. « Real Life », pareil, grosse déception sentimentale et un matin, je me lève, et d’un coup, tout le texte est venu, sans forcer, sans réfléchir, à huit heures du matin ; la musique est venue au fur et à mesure. J’utilise beaucoup de boucles, je passe du temps à chercher, à expérimenter les sons, etc. Je suis très laborieuse aussi pour finaliser les textes. Il y a des chansons qui sont nées très rapidement, d’autres qui ont mis plus longtemps, et chacune a son histoire assez personnelle. De plus, sur des chansons plus mélancoliques comme « Old Twins », « Let’s Share The Dust » ou « Flowers », ce n’est jamais ni noir ni blanc, il y a toujours quelque chose qui vient contrebalancer. J’ai rencontré quelqu’un récemment qui m’a fait lire un texte génial de Grozdanovitch, à propos d’un mec qui se fait larguer. Il est en train de boire un chocolat chaud, et il rapporte ce truc que, oui il y a quelque chose qui lui fait trembler les jambes, mais au final il y a cette boisson douce-amère qui le réconforte et il remercie le destin de lui avoir apporté une bulle de savon sur laquelle il peut se poser. C’est toujours un peu l’enjeu de l’album Real Life, il nous arrive plein de merdes, le monde est dur, mais il y a plein de bulles (rencontres, événements) partout, des choses très palpables qui peuvent nous aider à aller mieux.

Qu’utilises-tu comme instruments/outils ?

clip-nuage-copieJ’ai mis longtemps à choisir mon piano, au début j’en louais un. J’ai finalement acheté un Korg SV-1, qui a un toucher lourd, des sons d’orgue très datés et une petite lampe ; c’est le clavier du bas. L’avantage avec lui c’est que tu peux toi-même configurer ton son, ce qui m’intéresse totalement. Au-dessus, j’ai un tout petit Casio pourri, que j’ai acheté au Mexique. Il a des sons absolument superbes, de téléphone, d’alarme, presque de Spoutnik ou de décollage, et d’autres qui m’ont rappelé les petits synthés de mon enfance. J’ai deux micros, un qui permet d’avoir des effets qui passent directement dans la console et un autre qui rentre directement dans la pédale de boucle. Donc la pédale de boucle accueille ma voix, mais aussi mon gros piano et le petit synthé, et je sample ces trois choses dans ma pédale de boucle RC-50, qui a la particularité d’avoir trois phrases. Ainsi, je peux avoir ma rythmique sur la phrase 1, des choeurs en général sur la phrase 2, et un autre type de choeurs sur la phrase 3, ce qui fait que j’ai trois possibilités dans ma chanson. « Flowers » est vraiment basée là-dessus, ainsi que « No Destiny », qui a clairement trois parties : tout d’abord il y a seulement la beatbox, après le premier synthé arrive, ensuite viennent les choeurs qui chantent « no destiny » accompagnés par d’autres types de synthés. Du coup, cela me permet d’avoir une composition qui ne soit pas trop monocorde, même si je suis obligée de rester dans la même tonalité. Je me sers aussi d’une guitare électrique Squier qui est formidable parce qu’elle est relativement simple d’usage. Je lui ajoute une pédale de delay et une sorte de petit trémolo. Aussi, je déclenche avec mon dictaphone (en attendant d’avoir un séquenceur) des bandes son ou des ambiances sonores composées sur Cubase 5, sur lesquelles je joue et chante.

Enfin, j’ai une petite console Yamaha avec des effets incorporés. J’apprends par coeur ou je note sur une fiche tous les effets de voix que je veux – j’ai une sorte de mini harmonizer et des distorsions, des reverbs, etc. Du coup, au final, quand je bosse une chanson, et lorsque je me produis en live, j’ai au moins cinq-six chiffres à mémoriser et c’est quelque chose que j’aime bien pour mon cerveau.

Pourquoi ce choix de plutôt t’exprimer en anglais ?

Je pense que c’est parce que j’ai une grande influence de musiques anglophones tout simplement. Dès que j’avais des petites mélodies qui arrivaient et que je commençais à marmonner dessus, c’était du yaourt en anglais. Actuellement, comme je me ré-intéresse beaucoup à la chanson française – j’ai quand même écouté beaucoup de Bashung et de Gainsbourg quand j’étais gamine -,  je me dis qu’il y a moyen de faire des choses dans ma langue maternelle. J’ai fait ces deux chansons aussi (NDLR : « Écran Mon Amour » et « La Nuit Sumérienne ») qui sont relativement récentes et là les prochaines chansons arrivent plutôt en français, donc je laisse faire. Ce n’est pas du tout le même style que ce que je faisais au tout début de Bye Bye Dubaï, où il y avait ces espèces de séries musicales au piano sur lesquelles je déclamais une sorte de texte en prose. D’ailleurs, quand j’écris, c’est très difficilement versifié, donc je m’entraîne à un style plus classique finalement à travers « La Nuit Sumérienne » et « Écran Mon Amour ». Pour moi, le plus simple c’est de balancer une forme de logorrhée verbale, sans silence, ni espace, du texte semi-parlé. Là j’essaye de synthétiser un peu ma pensée et de voir, à la manière de Gainsbourg, comment je pourrais arriver en moins de mots à parvenir à l’effet et au sens qui m’intéressent. Je me demande si ces prochaines chansons seront vraiment Bye Bye Dubaï, ce sera peut-être un nouveau projet.

Tu as baptisé le troisième morceau de Real Life « 84 » en référence à 1984, ton année de naissance. Que représente cette génération pour toi ?

engrenage-3-copieC’est ce que je dis dans la chanson : une génération hyperactive et hypersensible. Cette chanson est née après que ma meilleure amie sur Lyon, qui est pakistanaise et qui pratique la danse indienne traditionnelle kathak, me raconte qu’elle faisait tomber du plâtre sur les voisins d’en bas lorsqu’elle répétait ! Quand je chantais dans mon appart, les voisins m’entendaient et m’envoyaient des textos, en me disant « bien la dernière ! Tu peux refaire celle-là ? ». Nous sommes nées à peu près au même moment, et je nous sentais à la fois émotives, très sensibles et actives, coincées dans un monde qui ne nous ressemble pas forcément, avec un besoin de continuer coûte que coûte et de faire des choses. Quand j’observe les amis de mon âge, je vois des gens qui pensent extrêmement vite, voire trop vite, de manière arborescente et très complexe. Il faut reconnaître que cette hyperactivité a façonné ma particularité artistique et ma présence scénique, dans ma gestuelle scénique notamment. En parlant de ça je fais aussi un petit clin d’oeil à mon pote mexicain Alejandro que j’ai rencontré il y a une dizaine d’années, lorsque je vivais à Berlin. À l’époque je parlais dix fois plus vite et à un moment il me regarde et me dit : « You are an indigo child! ». En effet, il y a toute une mythologie New Age sur ces enfants indigos qui seraient nés en 1980, hyperactifs, à la fois dangereux pour eux-mêmes et en même temps capables de développer certains talents. Cela m’a fascinée, même si je n’y crois pas – c’est seulement un prétexte au conte, à  la rêverie, à l’utopie.

Pour les vidéos de « Real Life » et « Throw It All! », où as-tu puisé l’inspiration ? 

Je n’ai pas réalisé « Real Life » (contrairement à « Throw It All! »), mais ce clip part de mes dessins et de mes textes. Je n’avais pas du tout le langage pour le réaliser, donc des super potes ont fait équipe autour de ça (il a été co-réalisé par Tuba Gültekin et Katharina Weser). En fait, c’est assez simple, « Real Life », c’est la traduction littérale, imagée, des textes. On avait des moyens extrêmement limités, l’espace de jeu étant mon salon. Cette chanson est née après une grande déception amoureuse, à la suite de quoi j’ai dû déménager, et retourner en ville. Je suis tombée sur cet appartement, qui a cette grande photo de forêt dans le salon. Moi qui venais de quitter la campagne, c’était ma tasse de chocolat chaud et je répétais tous les jours face à la photo. Cet appartement était aussi le théâtre de toute une nuisance sonore, puisque j’ai réalisé en emménageant qu’il était très mal insonorisé. J’entendais mes voisins écouter la télé, ce qui pouvait être une source de stress, et je me suis dit que la seule solution pour que je me débarrasse de cette tension, de cette pression de la vie en ville, c’était d’imaginer que ces sons environnants étaient de la musique. Quand je dis « and the TV of neighbours became the song of the angels » à la fin de « Real Life », je fais référence à un passage extrêmement beau des Ailes du désir de Wim Wenders – que j’aime beaucoup -, dont mon ingénieur du son de l’époque a samplé le son. Il s’agit du moment où les anges, qui sont télépathes, entrent dans une bibliothèque et entendent les pensées de chaque lecteur, qui se superposent et deviennent un grand brouhaha. Au bout d’un moment, ça devient une sorte de symphonie, de chant choral complètement fou et lyrique. C’est un peu l’idée de ce clip : le pouvoir de transcendance de l’art, mais au cœur même de la réalité. La campagne transposée à la ville.

bye-bye-dubai-copieDans « Throw It All! », on retrouve du Butô. On était à moitié nus, et je suis extrêmement contente car notre nudité se voit très peu, je voulais en effet des corps complètement asexués. Tout le monde a le même costume, même s’il y a un danseur homme avec nous, et l’idée était vraiment de créer des sortes d’êtres définis par leur corps entièrement bleu. Le bleu c’est la couleur du ciel, de la rêverie, de l’imagination, ça m’évoque personnellement plein de choses, comme le lapis-lazuli que j’adore, la mer, l’océan. La dimension du corps est très importante pour moi, j’en parle beaucoup dans mes chansons, « Protest » par exemple est un morceau qui parle réellement de mes organes et de mon ventre… Au tout début du clip de « Throw It All! », je fais mon geste mécanique à côté de machines (les « Téléphones Importables ») de Lionel Stocard, qui est un excellent artiste de la Croix-Rousse. Je m’inspire de Kubrick, qui est l’un de mes réalisateurs favoris, pour ce moment futuriste. J’adore les cinéastes comme lui ou Jodorowsky, tous ceux qui passent par l’image pour me raconter des choses, car pour moi l’image c’est du sens aussi.

Mais au final, je n’ai pas tellement de références visuelles pour mes clips, je suis très impulsive. Je dessine d’abord une petite BD – story-board à la base des vidéos, sans trop réfléchir. C’est après seulement, au moment du tournage, que je repense à des images qui m’ont marquée. J’apprécie aussi énormément le surréalisme, des artistes comme Magritte qui ont cherché à créer des illusions d’optique. Mes influences sont presque plus littéraires et picturales que cinématographiques.

As-tu d’autres projets musicaux ?

J’ai un autre projet assez secret et mystérieux qui s’appelle Gloria et qui est un girl group actuel mais avec un côté très rock, très psyché, style années soixante-soixante-dix. On est trois chanteuses, avec une formule instrumentale efficace et traditionnelle : guitare, basse, batterie, synthé. On a fait notre premier concert le 22 septembre dernier au Café de la Danse à Paris. On n’a même pas de Facebook ou de site pour le moment, mais deux clips sont en ligne sur YouTube : « Beam Me Up » et « In The Morning ». Des harmonies vocales tout le long, des côtés un peu plus soul, etc., mais sinon on reste dans le rock sixties et seventies. C’est vraiment l’éclate sur scène

img_3581-copieEt puis effectivement j’ai un gros paquet de compos à sortir du placard, donc là j’aimerais vraiment trouver un moment entre deux concerts et deux boulots pour les dégainer. Je pense que j’aurai au moins quatre chansons en anglais assez similaires à Bye Bye Dubaï à sortir, ainsi que des chansons en français sur lesquelles on entendra les nouveaux synthés que j’ai achetés cet été lors de ma petite tournée à Berlin ; j’ai commencé à les maquetter. Je pense faire peut-être des maquettes beaucoup plus brutes et spontanées que les années précédentes, du coup je me demande si ce n’est pas moi qui vais mixer en cherchant mon type de son sur Cubase 5, en limitant par exemple le nombre de pistes. J’aime bien cette restriction à l’heure où l’on pourrait avoir trente-deux tracks sur son enregistrement. J’aimerais que tout cela sorte vite. Je souhaiterais également faire un clip pour « 84 ». La BD liée à la chanson avance bien. Pour le réaliser, j’ai besoin de témoignages vidéos de tous ceux qui se sentent proches de l’esprit de 84, des vidéos courtes dans lesquels ils sont seuls dans leur chambre à s’éclater, à se sentir libre avec juste une activité personnelle (ça peut être du tricot, de la sculpture, de la musique, allaiter son enfant, etc.). J’ai demandé à pas mal de potes de s’imposer une sorte de dogme à la Lars von Trier pour cela. Donc là c’est créa, compo, et clip, et tout sortira en 2017 !

Question habituelle, as-tu des dates de prévues ? Quand et où peut-on te voir en concert ?

Je jouerai le 25 janvier au Kraspek Myzik, Lyon 1, dans le cadre du festival Plug and Play, et pour la sortie du livre In Uterock, qui dresse un portrait de femmes dans le rock (dont moi).

Toutes mes infos sont en ligne sur le site byebyedubai.net ou sur Facebook, en général je mets tout à peu près à jour.

Site web byebyedubai.net Facebook Bye Bye Dubaï Bandcamp https://byebyedubai.bandcamp.com Soundcloud https://soundcloud.com/byebyedubai

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