LED ER EST
Dust On Common
2010
Etats-Unis
Minimal wave
01. Bikini Fun
02. Port Isabel
03. Laredo
04. Destination Sanity
05. The Unkept Area
06. Something For The Children
07. I Wait For You
08. Scissors
09. CC Exit
10. Poll Gorm
11. Orange
Chronique de la version bonus (2 titres ajoutés, l’original est sorti en 2009). Led Er Est s’est formé en 2007 à New York City. 3 garçons aux looks improbables s’épanouissant dans le sillage de Martial Canterel ou Xeno and Oaklander. Ils sortent Dust On Common chez Wierd Records, promoteur du nouveau son minimal wave. Décidément, les synthés froids et les boîtes à rythmes ont la cote ! Revival intéressant initié par Veronica Vasicka et son label Minimal Wave Records. On retiendra sur ce disque la voix plaintive, les claviers pervers et la rythmique métronomique. Inquiétude urbaine, agitation vaguement adolescente, Samuel kK (chanteur) semble être un personnage fort torturé. L’ambiance est bien souvent lourde, à l’image du morceau d’ouverture : boîte à rythmes implacable, voix de prédicateur, synthétiseur acide. Led Er Est pratique un art gris, désespéré, clinique. Le vocaliste chevelu s’empêtre dans son angst primordial et s’épanche solennellement (« Her eyes will feed us, forever in orange days » [« Port Isabel »], « Destination: sanity. No more on you, no more on me » [« Destination Sanity »]). 2 instrumentaux parsèment l’album : « Something For The Children » et « CC Exit ». Effets industriels, samples vocaux répétés sur « Something For The Children ». Humeur claustrophobique certaine. « CC Exit » pourrait servir de bande-son pour RoboCop. La violence de ce morceau est renforcée par des notes macabres jouées à la guitare. Cette fièvre est clôturée par une pulsation. Le reste de l’opus se divise en morceaux incisifs et lents. L’urgence est présente sur « Laredo », « The Unkept Area », « Scissors » et « Poll Gorm ». « Poll Gorm » s’avère décevant. Sur cette chanson post-punk, la guitare et le synthétiseur opère une alliance maléfique. L’ensemble est mélodiquement désagréable. Je retiendrai « Scissors » : orgue élégiaque, claviers virevoltants et chant doux ; je n’oublie pas « Orange », titre assez vif qui termine cette oeuvre sur une note presque romantique. Un bijou gothique l’air de rien. Dust On Common suinte la mélancolie. Par tous ses pores. Une langueur s’impose sur « Destination Sanity » et « I Wait For You ». Ce dernier titre s’avère être un pur produit minimal wave par sa rythmique glaciale. La saturation ambiante du son renforce le spleen. Led Er Est est un groupe très talentueux, rétro mais pas trop. Les compères savent poser des ambiances forcément glauques mais diverses. On a envie de danser sur « Port Isabel », avant d’être rattrapé par l’angoisse existentielle sur « Laredo ». Au fil du disque, des sons synthétiques atmosphériques font chavirer notre cœur, et parfois on est bercé par un ronronnement de basse profond. Un instrument utilisé judicieusement sur « Something For The Children » et « Orange ». Tout est parfaitement maîtrisé. Neurasthénie et électronique n’ont jamais fait aussi bon ménage. L’ensemble célèbre avec justesse la frénésie et la détresse de la jungle new-yorkaise.