BRIAN ENO, Ambient 1: Music For Airports

BRIAN ENO
Ambient 1: Music For Airports
1978
Royaume-Uni
Ambient

01. 1/1
02. 2/1
03. 1/2
04. 2/2

Aïe aïe aïe, encore un album fondateur ! En effet, le sieur Brian Peter George St John le Baptiste de la Salle Eno (ça fait combien au Scrabble ?), invente littéralement l’ambient music avec cet album. Il s’inspire alors de la muzak (musique d’ascenseur pour les intimes) et des résultats réalisés par ce genre de musique sur les auditeurs-trices : apaisement et plus grande disponibilité d’attention et d’écoute. L’ambient rejoint cette volonté de permettre à celui ou celle qui en écoute d’être plus calme. D’ailleurs il s’agit ici de Music For Airports. En effet, le concept d’Eno est de proposer un disque destiné aux voyageurs, souvent anxieux au moment de prendre leur avion et de les déstresser. Certains aéroports du reste utiliseront réellement l’album à cette fin. Certains trouvent que cette musique est stérile et insipide, je peux le comprendre, mais je la trouve extrêmement belle et évocatrice : un vol de perdreaux par dessus les champs montait dans les nuages, des moines zen flottant dans une mer de crème anglaise au soleil levant après avoir entamé une cure « Découverte du point G », etc. Bref tout cela est cucul, mais c’est tellement apaisant ! De plus, cet album est pour l’époque vraiment original. Peu d’artistes ont alors utilisé les synthés de façon aussi minimaliste. La musique électronique balbutie un peu moins mais on en est encore qu’à ses débuts, et le synthétiseur reste marginal comme instrument de composition. Avec cet album découpé en 4 plages très longues, Eno crée un espace sonore destiné à relaxer complètement l’auditeur-trice. La musique en effet est incroyablement douce. On est happé par cette atmosphère ouatée, tranquille comme une sieste printanière. Les sons produits ici incitent à la détente la plus complète. On se laisse bercer le temps qu’apparaissent les premiers songes, avant d’atteindre l’ataraxie finale induite par des nappes onctueuses et discrètes. Le synthétiseur prédomine bien évidemment, mais il est secondé par le piano aérien de Robert Wyatt sur « 1/1 » et « 1/2 » et des voix de sirènes sur « 2/1 » et « 1/2 » nous entraîne vers les confins d’un monde irréel où tout ne serait que luxe, calme et volupté. Brian Eno crée un nouveau genre de musique, voire même carrément une nouvelle famille, dont l’héritage reste vivace encore aujourd’hui. Sur cet album il développe pleinement ses ambitions musicales conceptuelles amorcées quelques années plus tôt avec Discreet Music. Féru de recherche sonore, ce « non-musicien » comme il aime à se définir nous plonge ici dans une autre dimension, calme et insouciante, tout à fait éloignée du glam de ses débuts. Néanmoins il est toujours resté proche du milieu rock. Il est devenu un producteur de renom (U2, Talking Heads, Coldplay) et a été l’éminence grise de David Bowie sur sa trilogie berlinoise. Son approche non-conventionnelle de la création musicale (l’utilisation entre autres du jeu de cartes les Stratégies obliques qu’il a créé avec le peintre Peter Schmidt) en a fait un cas à part dans le monde le la pop. En 40 ans de carrière, depuis ses premières expérimentations sur tape recorder jusqu’au générateur Koan de musique algorithmique, One Brain a su constamment faire avancer et renouveler la musique populaire grâce à son investissement dans le développement des nouvelles technologies pour la création sonore.

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